BROUHAHA : Le journal qui fait du bruit
Lycée Giocante de Casabianca




Effleure-moi

par Camille Jamin


Du fin fond de l'obscurité, seule une fleur, venant d'en haut brillait dans la noirceur absolue. Elle tombait, légère et brillante, quand dans un bruit de mécanique deux lumières rondes et jaune sale éclairaient le tunnel, pour annoncer l'arrivé de la micheline. Soulevée par le souffle extraordinaire que dégageait la locomotive, la jolie petite fleur bleue s'en alla d'où elle venait.
Le train sortit du tunnel et entra en gare ; déjà, les passagers s'agitaient et Vian se préparait.

Sans conviction, Vian marchait près de son frère. Ils suivaient tranquillement leurs ombres sur le trottoir de l'avenue des Palmiers qu'ils remontaient. Vian portait un gros sac sur le dos ; il écoutait son frère parler, très pris par ce qu'il disait.
- Alors tu vois, si deux plus deux font quatre, que trois plus un font quatre et que quatre plus zéro font également quatre, cela prouve ma théorie que ...
Vian le coupa net dans son exposé car depuis quelques instants son regard avait capté quelque chose qui ne lui permettait plus d'écouter.
- Eh ! T'as vu comment elle m'a regardée, elle me regarde encore ...
Son frère qui ne comprenait pas, l'interrogea.
- Qui ?
Vian répondit promptement.
- La fille là-bas !
Il pointait son doigt dans la direction opposée à leur marche.
- Pas vu ! dit l'autre sèchement. Alors je te disais ...
Mais Vian, le regard toujours fixé derrière lui coupa une seconde fois son frère.
- Je crois que je suis amoureux. Dis, tu crois que je vais la voir, tu crois qu'elle m'aime ? demanda Vian enthousiaste.
Il marchait toujours à reculon, ce qu'il fixait l'empêchant de se retourner.
- Euh ... Je ne sais pas, tu ne la connais pas, elle ne te connaît pas, elle ne peut pas t'aimer ! de toute façon, l'amour ça n'existe pas ! lui répondit son frère.
Vian se retourna alors vers lui, troublé par ce qu'il venait d'entendre.
- Mais elle me l'a dit avec ses yeux .
- Alors si elle te l'a dit, je ne dit plus rien ! lui lança-t-il ironiquement.
Il se moquait un peu de son frère qui ne comprenait pas encore.
Un effroyable crissement de pneu se fit entendre et Vian se retourna brusquement. L'enthousiasme qui se lisait auparavant sur son visage disparu alors laissant place à un visage horrifié. Il se mit à courir faisant ainsi le chemin inverse à leur itinéraire. L'autre souffla et le suivit tout de même, à la même allure, mais seulement parce que c'était son frère.
La plaque d'immatriculation de la voiture portait un chiffre déchiffrable par tout déchiffreur sachant déchiffrer et connaissant son alphabet ainsi que les cinq premiers chiffres. La voiture était arrêtée au milieu de l'avenue ; le pare-brise avant était fêlé et Rose-rouge, jeune fille aux cheveux blonds, était allongée devant l'engin. Elle portait un ensemble composé d'une jupe à franges et d'un haut sexy. Vian se précipita sur elle et lui mit de petites gifles pour essayer de la réveiller tandis que le deuxième alla ouvrir la portière conducteur. - Eh mademoiselle, mademoiselle !
La tète de la jeune fille assise sur le siège conducteur était appuyée contre le volant de manière à ce que l'on ne puisse voir que se chevelure blonde. L'autre, accroupi près de son siège la redressa. Elle était physiquement identique à la jeune accidentée et portait élégamment une combinaison verte, faisant ressortir ses formes féminines, où des morceaux de tissus rouges tombaient au bout des manches sur ses gants blancs. Il sortit un mouchoir en papier et lui essuya délicatement le sang lui coulant du nez. Puis il lui prit la main gauche, pendante, la gauche car la droite était toujours posée sur le volant, et commença à la caresser.
- Ma belle, réveille-toi. lui souffla-t-il doucement.
Mais comme cela ne suffisait pas, il s'approcha d'elle et posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Elle ouvrit doucement les yeux.
Les joues de la jeune fille prenaient maintenant une teinte rosée et Vian continuait à porter de petites gifles à la Rose-rouge, non pas seulement parce qu'elle ne se réveillait pas mais aussi parce qu'il trouvait ce nouveau teint joli.
- Eh ! Mademoiselle, mademoiselle, ça va ?
Un liquide rouge glissait lentement de sa bouche. Elle ouvrit péniblement ses paupières puis dit, surprise :
- Vous êtes qui vous ?
Vian sentait les battements de son cœur résonner dans tous son corps.
- Moi c'est Vian, je vous aime ...
- Moi aussi ... dit Rose-rouge.
Vian fit un grand sourire. Son cœur battait de plus en plus fort, mais s'arrêta net quand la jeune fille finit sa phrase.
- ... je m'aime.
- Oh ! ... Comment vous appelez-vous ? lui dit-il, car c'était la première chose qui lui passait par la tête. Elle répondit alors péniblement 'Rose-rouge' et mourut en prononçant la dernière syllabe de son prénom.
Les lèvres se décollèrent une seconde fois de celles de Pétunia, même si elles n'en avaient pas envie car elles aimaient le goût salé et frais qu'avait l'autre paire.
- Alors, ma belle, ça va mieux ?
Elle lui sourit.
- Oui ... Où suis-je ?
- Dans votre voiture, vous avez eu un accident !
- Ah ! C'est pas la mienne !
- Alors venez. l'invita-t-il.
- Où ?
- Je ne sais pas.
Elle acquiesça.
- Je vais vous présenter mon frère. dit ... justement ... le frère.
Pétunia se leva du siège, qui fut soulagé, car même si elle ne pesait pas lourd, elle lui tenait chaud. La main masculine prit la douce féminine de Pétunia et la serra gentiment. Ils s'approchèrent de Vian, agenouillé devant Rose-rouge. Ils étaient debout, et il parlait de son frère, doucement à l'oreille de Pétunia. Il lui dit qu'il sortait juste de l'orphelinat pour garçons dans lequel il était depuis l'âge de deux ans ; 'il découvre la vie' dit-il. Puis il s'approcha de lui.
- Allez, viens maintenant, laisse-la.
Comme il lui paraissait grand ... Mais il ne voulait pas, il ne voulait pas la laisser, il l'aimait. Il le dit à son frère. Celui-ci lui répondit en le regardant droit dans les yeux.
- Tu sais ce qu'on dit, une de perdue, dix de retrouvées !
Vian fut surpris. 'Ah bon, on dit ça ?' demanda-t-il. Son frère lui tapa sur l'épaule 'Mais oui !' lui souffla-t-il gentiment. Pétunia se rapprocha et voulant être gentille répéta ce que venait de dire son compagnon. Vian regarda Pétunia et se redressa alors brusquement. Les traits de son visage marquaient son incompréhension ; 'Rose-rouge' dit-il. A son tour Pétunia ne comprit pas 'Pardon ?' dit-elle. Vian sentit son bras alors tiré sur le coté et lui avec.
C'était son frère qui après avoir esquissé un petit sourire à Pétunia le tira à l'écart. Il lui dit fermement que ce n'était pas Rose-rouge et que celle la, c'était pour lui. L'esprit de Vian était envahi par la confusion, il ne comprenait pas, c'était la même.
- Mais elle est pareille qu'elle ! dit-il en désignant Rose-rouge du doigt.
- Mais enfin ... les filles sont toutes pareilles ! Elles ne sont bonnes qu'à ... et qu'à ...
- Qu'à ?
- Tu sais ce que je veux dire !
- Bon on y va ? demanda Pétunia qui s'était rapprochée.
- Où ?
- Je ne sais pas ... soupira Pétunia.
- Ah oui !
L'écorce jaune d'une peau de banane était étendue sur le bitume, se faisant bronzer au soleil ; lorsqu'ils partirent tous les trois en dansant Vian glissa sur celle-ci et tomba sur Rose-rouge.
Sentant le poids de Vian l'écraser violemment elle s'assit brusquement en poussant un petit cri de douleur. Vian se leva l'air troublé.
- Mais je croyait que vous étiez morte ? lui demanda-t-il.
Elle eut l'air de réfléchir un instant puis acquiesça et mourut une seconde fois. Vian se retourna alors et parti, en courant, rejoindre ses compagnons.

Ils dansaient toujours tous les trois dans la rue quand Vian, s'arrêtant net, coupa la danse. Les deux autres stoppèrent également. Il regardait quelque chose qu'il montra du doigt.
- C'est quoi ça ? demanda Vian en pointant toujours son index.
- Quoi ? dit l'autre qui ne voyait pas.
- Le type qui marche sur les mains.
A quelques mètres d'eux, sur le trottoir, un homme marchait sur les mains. Il était habillé d'une salopette jaune mise à l'envers, de manière à ce que lorsqu'il fut renversé, son habit fut à l'endroit. Cela donnait une impression bizarre, en tout cas à Vian qui n'en avait jamais vu.
- Ah ... c'est les condamnés pour vol de sacs poubelles. répondit son frangin.
- Ah ! Mais pourquoi volent-ils des poubelles ? demanda Vian.
- Parce qu'ils ont faim ! dit-il comme si cela était évident ... ça l'était, mais pas pour Vian puisqu'il n'en avait jamais vu. Et donc, les condamnés qui ne veulent pas aller en prison doivent marcher vingt trois heures quarante quatre minutes et une seconde par jour comme ça dans les rues.
Pétunia qui se sentait un peu mise de coté entra dans la conversation.
- Oui, c'est très amusant ! dit-elle. Des fois ils tombent et se cassent le nez. Elle rit. L'autre continua.
- Alors on leur coupe les pieds pour qu'ils ne puissent plus marcher.
Le cœur de Vian se serra alors. Il le sentait battre fort. Mais son esprit aussi était marqué par cette confusion. Son bon sens l'obligea à émettre une critique.

- Mais c'est horrible !
Son frère eut l'air surpris. 'Comment ?' dit-il, puis comprit, en un sens la réaction de son frère.
- Ah oui ... mais c'est la loi ! Un sourire se dessina sur son visage. Et puis qu'est-ce que c'est drôle. Il se mit alors à rire sadiquement, d'un rire fort ; Pétunia riait aussi. Vian était troublé. Il ne savait plus quoi penser. C'était horrible mais son frère trouvait ça drôle. Il regarda ses compagnons, regarda l'acrobate ... le même sourire sadique se dessina alors sur son visage et il rigola comme son frère.
Les deux acolytes marchaient sur le sable chaud de la plage. Ils étaient vêtus chacun d'un short de bain de la marque Eden Porc. Différents accessoires les couvraient : serviettes de bain sur l'épaule, sac banane autour du bras, chaîne en or autour du cou, grosse montre au poignet, lunettes de soleil sur les yeux ... et téléphone portable à la ceinture. Ils s'arrêtèrent tous deux et regardèrent Edelweiss, allongée sur une serviette de bain blanche. Une petite ombrelle de la même couleur que ses vêtements et que sa serviette lui faisait de l'ombre.
- Tiens ... là-bas, c'est Edelweiss, la seule fille que je n'ai pas pu atteindre ... soupira l'autre sur un ton de regret.
Il reprirent leur marche. La mer à coté d'eux était d'un bleu magnifique. Ils marchaient, bercés par le son de la musique techno qui venait de nulle part.
Ce bruit était craché par un poste posé à l'arrière d'un pédalo conduit par deux hommes, de beaux hommes aux cheveux courts et au torse nu imberbe. Assise à l'arrière de l'engin nautique à pédales, Nénuphar, chaussée de chaussures à larges et hautes semelles vertes, se faisait bronzer.
Les deux frères marchaient toujours longeant le bord de la mer. Le pédalo au loin allait dans le sens inverse à leur marche. Le bruit de la techno se faisait de plus en plus fort. Lorsque le pédalos croisa nos héros Nénuphar tomba à la renverse ce qui eut pour effet de soulager l'engin flottant, mais la jeune fille commença à s'agiter dans l'eau ne sachant apparemment pas nager. Le chaos de la techno diminuait au fur et à mesure que les coureurs nautiques s'éloignaient ; les cris de détresse de nénuphar purent enfin être perçus par les membres auditifs de Vian et de son frère. Ceux-ci s'arrêtèrent, se regardèrent et se mirent à courir vers l'eau. Une sonnerie de téléphone retentit alors. Vian s'arrêta net, pris son téléphone et le porta à l'oreille. Mais la sonnerie retentit toujours puis s'arrêta quelques instants après. Vian se retourna et vit son frère à quelques mètres, lui faisant dos, parlant d'une voix forte dans son appareil. Vian repartit donc mais s'arrêta de nouveau quand retentit encore une fois le son strident qui signalait la réception d'un appel par son objet de communication. Il prit son téléphone, s'éloigna un peu et fit dos à son frère. Nénuphar se noyait toujours pendant que les deux frères parlaient à leurs correspondants.
- Et toi comment vas-tu ? demanda l'autre.
- Bien ... merci ... qu'est-ce que tu deviens ? demanda à son tour Vian.
- Je suis avec mon frère, on drague ! répondit-il à son interlocuteur.
Nénuphar cessa de s'agiter et coula.
- Ah ... c'est cool !
Les grosses chaussures vertes remontèrent et flottèrent à la surface.
- Alors, quand est-ce que tu descends ?
- Je ne sais pas.

Venant des quatre coins de la rue, quatre ronces vêtues comme à l'accoutumée de leur uniforme noir aux boutons de chemise blancs s'approchèrent. Le condamné, assis par terre, regardait autour de lui, affolé ; son visage était marqué par la peur. Il se remit rapidement sur les mains ... mais trois ronces l'encerclèrent ; la quatrième lui porta un coup de sa matraque blanche dans les jambes ce qui eut pour effet de le faire s'écrouler.
Ils le prirent alors chacun par un membre. Le condamné criait à l'aide, effrayé.
Les deux frères observaient la scène avec attention. Tournesol, le marchant ambulant, les accosta. Il parlait fort 'Achetez, achetez mes tomates pourries, vous trouverez pas plus pourries et pas moins chères ! Achetez !' criait-il. Ils s'approchèrent de lui et Vian acheta quatre fruits pourris pour le prix honnête de quatre pétales. Il en donna deux à son frère. Tenant chacun une tomate dans une main, ils les tirèrent. Les fruits s'écrasèrent successivement sur le beau jaune de la salopettes du futur infirme.
Iris sortait de l'épicerie. Elle portait sous chacun de ses bras un gros sac en papier. Ce poids l'encombrait assez mais elle arriva jusqu'au porche de son immeuble. Elle essaya de lever le bras droit afin d'exécuter le code de l'ouverture mais lâcha le sac qu'elle essaya vivement de rattraper ; malheureusement elle lâcha également le second. Tout le contenu des sacs s'était répandu sur le sol. Iris s'accroupit alors pour ramasser. Une pomme roula sur le trottoir et vint heurter le pied de l'autre, qui ne sentit rien, enfermé dans une confortable chaussure. L'autre la ramassa, l'essuya sur sa manche, la croqua puis relâcha son bras. Les petits asticots grouillaient à l'intérieur du fruit jaune et avaient maintenant froid à cause de l'ouverture maintenant crée.
- Elles sont bonnes vos pommes ! dit-il.
Iris leva la tète et le vit. Il s'accroupit, lâcha sa pomme et commença à ramasser. La pomme continua à rouler et vint heurter la main d'un condamné, qui déstabilisa celui-ci et le fit tomber ; il se redressa vivement et regarda affolé autour de lui.

Le nouveau couple marchait main dans la main dans la direction de la boutique. La chevelure blonde d'Iris volait au vent. Et faillit s'écraser quand ils rentrèrent dans le magasin.

La main du serveur posa le verre de thé froid au citron vert sur la table. La rondelle de citron flottait à la surface de liquide. Cela faisait quinze pétales, c'était noté sur la note enfoncée sur une petite pique de bois, elle-même enfoncée sur une rondelle de citron.
Vian avait son bras autour du coup de Violette. Ils riaient tous les deux, s'embrassaient. Le téléphone de Vian était posé sur la table de la terrasse de café où ils se trouvaient. Vian portait des lunettes de soleil. Vian sortit un vaporisateur de parfum de la même couleur violette que son ensemble léger.
Vian se raidit d'un coup, se leva et enleva violemment ses lunettes. Le visage de Vian paraissait déconcerté. Il venait de voir son frère sortir d'un magasin avec une fille, une très jolie fille, élégante, à la chevelure ... brune. Ceux-ci s'approchèrent de la table après que Vian leur ait fait un signe.
Iris s'assit face à Vian et l'autre face à Violette. Deux magnifiques jeunes filles à la chevelure blonde étaient avec eux maintenant. Vian semblait troublé et avait le regard fixé sur Iris, qui le regardait timidement en baissant la tète. L'autre fit les présentations, chose qu'il répéta deux fois car Vian ne semblait pas entendre et demanda à son frère qui était la jeune fille qui l'accompagnait. Mais Vian ne répondit pas et il dû l'interpeller à voix forte. Il répondit que c'était Violette tout en jetant des coups d'œil furtif à Iris. Son frère venait de mettre son bras autour de son cou.
- Alors ma blonde, ça va ? lui dit-il.
Vian eut l'air surpris.
- Mais enfin, elle est ...
Il regarda Iris et vit alors ses cheveux bruns tomber sur son jolie visage.
- ... brune.
- Mais qu'est-ce que tu dis, elle est blonde !
Il ne comprenait pas ce qu'avait son frère ; Iris était blonde, blonde comme Violette qu'il avait près de lui, comme toutes les filles. Il rit alors et serra un peu Iris contre lui. Elle ne bougeait pas et il la chahuta donc un peu.
- T'entends ce qu'il dit ?
Mais elle ne répondit pas. Elle regardait Vian. Ils se jetaient mutuellement des coups d'œil furtifs. Iris regardait Vian, Vian regardait Iris. Mais au moment où leurs regards se croisèrent, s'effleurèrent, ils baissèrent tous deux la tète. Vian était amoureux d'elle. Il sentait pour la première fois son cœur battre d'une manière différente, c'était comme s'il avait peur, une peur qui le rendait heureux. L'autre était énervé car sa copine ne lui répondait pas. Elle regardait son frère et il n'aimait pas ça.
- Eh ... Iris ... arrête de le regarder comme ça ! lança t-il énervé.
Vian voyait ce triste spectacle. Il sentait la colère l'envahir. Il aimait à présent, il le savait, il aimait Iris, il voyait sa chevelure brune, il l'aimait. Elle le regarda alors d'un air triste, comme un appel à l'aide.
- Eh ... Boris ... arrête de la secouer comme ça ! dit-il, agressif, à son frère après s'être levé.
Boris fut surpris. Il regarda son frère.
- Je fais ce que je veux, c'est ma copine ! dit-il sur un ton enfantin.
Vian était debout, au-dessus de lui. Il était grand. Il tapa du poing sur la table. Boris sursauta.
- Non Boris, maintenant tu la laisses.

Vian ramait. Il était heureux. Derrière lui la côte, qu'il laissait. Il sourit. Iris sourit aussi. Il y avait derrière le large ; pour Vian c'était la liberté. Iris était heureuse également. Il était avec elle, il l'aimait, il la voyait en face d'elle, sa chevelure brune libre au vent du large.
- Je t'aime ... lui dit-il.
A travers les trous de chevrotines qui marquaient " FIN " sur la panneau passaient les rayons du soleil levant.
- Je t'aime ... répondit-elle.
Sa chevelure rousse flottait dans la brise du matin.

Camille Jamin