BROUHAHA : Le journal qui fait du bruit
Lycée Giocante de Casabianca



LIVRES

La prêtresse d'Avalon,

de Marion Zimmer Bradley

Ce roman historique se déroulant vers la fin du 3° siècle après J-C est une biographie d'Eilan, Fille d'une prêtresse de l'île secrète d'Avalon, en Grande-Bretagne. C'est là qu'elle sera élevée et initiée aux Mystères de la Déesse afin de devenir, à son tour, prêtresse d'une religion étrange, inconnue du commun des mortels. Dans cette atmosphère mystique, l'enfant grandit et devient une jeune fille versée dans les secrets de la magie et de la divination. Mais à l'âge de 18 ans, une vision va bouleverser le cours de son destin. Elle rencontre Constance, un officier romain dont elle tombera éperdument amoureuse. De leur union naîtra le futur empereur Constantin…Ce livre réussit à capter l'attention du lecteur par les deux univers qu'il propose: l'empire romain, symbole de puissance et de prospérité, et l'île surnaturelle d'Avalon, lieu de convergence de forces anciennes et mystiques. Ces contradictions forment une osmose inattendue et séduisante, au milieu de laquelle se déroule la vie d'Eilan, dans un contexte de magie ,de passion et de luttes implacables pour le pouvoir, qui fragmentent l'empire romain en apparence si solide. Une plongée dans l'Antiquité captivante et distrayante, que je conseille à tous les fans d'Histoire ancienne… Les chants de Maldoror, d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont Véritable pilier du surréalisme, cette œuvre publiée en 1868 par un jeune poète tourmenté, contemporain de Rimbaud, est inclassable. Certains la qualifie de poésie en prose, d'autres d'"épopée de l'esprit", d'autres encore d'une expression de la folie à l'état pur. Une essence de délire et de violence d'une force terrible, comme un feu intérieur exprimé par des mots… Parfois on pourra y reconnaître une apologie du mal, parfois la plainte solitaire d'un homme détruit par la douleur. Le style est recherché, donc difficile à lire pour les lecteurs occasionnels. Le narrateur, Maldoror, aborde des sujets aussi variés que les mathématiques, l'art, la nature et la mort, mais toujours avec le recul et la froideur que pourrait avoir une divinité obscure, démunie de sentiments, observant de très loin dans les nuages la progression des faibles mortels… Une comète prodigieuse dans le firmament de la littérature, qui marquera à vie, je pense, ceux qui pourront la comprendre et aller jusqu'au bout…


Les chants de Maldoror,

d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont

Véritable pilier du surréalisme, cette œuvre publiée en 1868 par un jeune poète tourmenté, contemporain de Rimbaud, est inclassable. Certains la qualifie de poésie en prose, d'autres d'"épopée de l'esprit", d'autres encore d'une expression de la folie à l'état pur. Une essence de délire et de violence d'une force terrible, comme un feu intérieur exprimé par des mots… Parfois on pourra y reconnaître une apologie du mal, parfois la plainte solitaire d'un homme détruit par la douleur. Le style est recherché, donc difficile à lire pour les lecteurs occasionnels. Le narrateur, Maldoror, aborde des sujets aussi variés que les mathématiques, l'art, la nature et la mort, mais toujours avec le recul et la froideur que pourrait avoir une divinité obscure, démunie de sentiments, observant de très loin dans les nuages la progression des faibles mortels… Une comète prodigieuse dans le firmament de la littérature, qui marquera à vie, je pense, ceux qui pourront la comprendre et aller jusqu'au bout…

 

 

 

 

 

 

Blade Runner

de Phillip K. Dick, 1968

Rick Deckard est un policier. Il vit sur Terre dans un futur lointain (janvier 1992 pour être précis). La Terre agonise sous les retombées radioactives, et le futur de l'humanité est dans l'espace. Le Mercerisme est devenu la religion d'état, et les états d'âme sont réglés par l'orgue Penfield, qui modifie grâce à une longueur d'onde spécifique l'état de certains neurorécepteurs cérébraux. Mais les androïdes sont là, sur Terre et dans les colonies spatiales, si parfaits que rien ne les distingue des humains, si ce n'est leur degré réduit d'émotivité. Rick Deckard et un chasseur d'androïdes. Le livre fondateur des grands mythes du cyberpunk (Test de Turner qui différentie les humains des machines, religion informatique, adoration des animaux et plantes éteints) est au delà de l'histoire une réflexion sur les apparences, la religion, la vie la mort, et la notion même d'humanité. Si tout ce qui me différentie d'un humain c'est deux millisecondes de délai avant d'être choquée par un chat mort, alors ne suis-je pas humaine ? "Il arrivait que les andros ne le sachent pas. A plusieurs reprises, on avait tenté de leur implanter des souvenirs, une mémoire factice, dans l'idée (fausse) que cela modifierait les réactions au test. "-Non, répondit Rosen, mais je pense qu'à la fin elle se doutait de quelque chose. (Il s'adressa à la fille :)Tu avais deviné, n'est ce pas, quand il a demandé d'essayer de nouveau ?" Toute pâle, Rachel hocha du chef, les yeux fixes." Quand vous lirez ce livre, gardez en tête le titre original, l'interrogation qui sous-tend le roman : les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Le cri du sablier
de Chloé Delaume
(ed.farrago Léo Scheer), 2001

Livre contesté, je l'ai découvert par les critiques destructrices. Mais j'ai accroché, et ce livre le mérite. L'histoire, celle de l'auteur, enfant "invoulue et inaimée" qui assista au meurtre de sa mère par son père, suivi du suicide dudit géniteur, est prétexte à une géniale variation sur les "thèmes usés qui font le bruit de fond de la vie". On pourra, et en fait on peut lui reprocher d'être incompréhensible, et de trop romancer une expérience qui devrait rester personnelle et intouchée. On peut. Mais elle s'en fout, et heureusement, car par ce livre jouissif, où la grammaire, le vocabulaire, les mots mêmes sont énuclées. A détruire les mots faute d'avoir pu détruire le père, Chloé excelle, et on partage sa joie, sa revanche prise sur cette langue "faite par des hommes". La misandrie (le contraire de l'autre pour ceux qui se demandent) est en effet partout présente, et je me demande d'ailleurs pourquoi ça ne me dérange pas. Peut être que finalement je la comprends, simplement. Bien que racontant des évènements plutôt tristes (sic) ce livre est une vraie leçon de plaisir, d'abord par l'écriture, une sorte de poésie libre, une force déchirante par moments, et tout le long du livre cette volonté de vivre, vivre pour faire du bruit, et faire du bruit pour que le silence ne soit plus. "L'enfant ne comprend rien aux mathématiques c'est pour cela que le père lui dit qu'elle se doit d'avoir honte que la mère lui dit qu'elle est bête stupide sotte et que le père lui cogne la tête avec le livre de calcul. Il cogne toujours à droite. Le père a lu dans Science et Vie que c'est de ce côté du crâne que se situe l'hémisphère défaillant chez l'enfant"