Anne-Sophie
Brasme : "Respire"
Le livre de Poche
Lycéenne
de 18 ans, Anne-Sophie Brasme écrit son premier livre.
La narratrice, Charlène, est une adolescente de 19 ans. Elle
n'est pas comme vous et moi.Pourquoi? Parce qu'elle est emprisonnée
pour meurtre. Elle a tué sa " meilleure amie ",
Sarah, deux ans plus tôt. Une amitié passionnée
qui devient destructrice. Charlène s'attache trop à
ses amies ; alors quand Sarah l'ignore, elle la tue. " Tu n'as
pas d'avenir. Tu te laisseras toujours marcher sur les pieds, ma
pauvre Charlène.Si tu ne fais rien pour mûrir un peu,
tu finiras ta vie comme une esclave, à la merci du premier
malin qui aura compris comment agir avec toi. Ce que tu peux être
idiote ! "
De sa cellule, Charlène décide d'écrire. Ecrire
pour " parler ", écrire pour " remettre bout
à bout chacun de ces souvenirs ".
Dans ce premier
roman, mené comme une tragédie, Anne-Sophie Brasme
explore " l'âge ingrat " qu'est celui de l'adolescence.
Passion, obsession, douleur, folie
le style est sec mais réaliste,
uniforme mais poignant. Cest donc avec réalisme que cette
jeune écrivain nous plonge dans ce monde que chacun a connu,
connaît ou connaîtra.
Un livre bien construit malgré un manque de rythme au début,
à lire absolument.
Marie Ferranti
: "La Princesse de Mantoue "
Gallimard
GRAND PRIX DU
ROMAN DE L'ACADEMIE FRANCAISE 2002
Jeune écrivain
de Saint Florent, Marie Ferranti renoue avec les prix, puiqu'en
1995, elle avait déjà raflé le prix François
Mauriac pour son premier roman " Les femmes de San Stefano
". Un début prometteur qui se voit de nouveau récompensé
par les Immortels pour son livre " La princesse de Mantoue
".
" La princesse de Mantoue " est une chronique historique
qui raconte la vie courtisane des Gonzague, aux temps de la Renaissance
italienne, il Rinascimento (Xve s). L'héroine, Barbara de
Brandebourg vient à Mantoue pour épouser Louis de
Gonzague. Très vite,elle prendra goût à la vie
de la cour. C'est pourquoi, elle demande au grand Mantegna, peintre
célèbre de l'époque, de décorer une
pièce de leur château, le château San Giorgio.
Cette pièce, la fameuse Camera dipinta, a servi de déclencheur
au livre primé de Marie Ferranti. L'art et le pouvoir se
rejoignent alors sous la plume de Marie Ferranti.
L'auteur prend
son inspiration des correspondances laissées par les protagonistes,
notamment celle entre Barbara de Brandebourg et sa cousine, Maria
de Hohenzollern.
Cependant ce livre ne retrace pas la vie de la princesse. Marie
Ferranti ne fait qu'écrire un roman. Pas une biographie.
" Le lecteur est condamné à passer son chemin,
ou à lire ce livre pour assouvir sa curiosité. Je
peux seulement lui promettre qu'il sera étonné, sans
en dévoiler la cause ". On lit ce livre comme on contemple
une uvre d'art. On prend plaisir à le lire car il est
simple mais subtil. Cette simplicité est néanmoins
" effacée " par l'originalité et l'habileté
que met l'auteur dans son ouvrage. L'écriture est claire
et limpide.
Luis Sepulveda
: "le vieux qui lisait des romans d'amour"
Editions Métailié
Ecrivain d'origine
chilienne, Luis Sepulveda a écrit 9 romans dont "Le
vieux qui lisait des romans d'amour" qui lui a permis de remporter
deux prix : le Prix Relais H du roman d'évasion 1992 et le
Prix France Culture étranger 1992.
En Amérique
latine, dans la forêt amazonienne, se trouve El Idilio, village
qui n'a rien d'idyllique. Les gens vivent dans des conditions déplorables
et
la nature se trouve envahie par les gringos (comprendre les blancs).
Lorsqu'une femelle ocelot attaque plusieurs habitants, ils n'hésitent
pas à accuser les Indiens Shuars. Mais Antonio José
Bolivar, le vieux, sait qu'ils sont innocents: il a vécu
plusieurs années auprès des indigènes et ils
lui ont appris à respecter ce que la nature nous offre. En
se lançant à la poursuite du fauve, le vieux nous
entraîne dans un monde magique, un monde jusque là
inexploré.
Le vieux a une particularité :il aime les romans d'amour,
ceux qui commençent mal et finissent bien. "Il coupa
une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya, et prit la
direction d'El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient
d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier
la barbarie des hommes."
A travers des
images somptueuses, Luis Sepulveda nous plonge dans une atmosphère
extraordinaire : celle des indigènes et de leur forêt.
Charmé, le lecteur s'engouffre dans cet univers pittoresque,
décrit avec réalisme par l'auteur. Le style parfois
imagé n'en reste pas moins naturel et plaisant.